Pourquoi la répartition des tâches reste inégale dans de nombreux foyers ?
Même dans les couples où les deux partenaires travaillent à temps plein, la répartition des tâches domestiques et parentales demeure très souvent déséquilibrée. Cette inégalité ne s’explique pas seulement par un manque de bonne volonté, mais par l’existence de mécanismes invisibles et de croyances profondément ancrées dans notre société.
Dès l’enfance, les filles sont plus sollicitées que les garçons pour participer aux tâches ménagères : les études montrent qu’elles y consacrent deux fois plus de temps. Cette socialisation précoce façonne les habitudes et les attentes, si bien qu’à l’âge adulte, les femmes continuent naturellement à porter la plus grande part du travail domestique. Selon un rapport des Nations Unies cité par Eve Rodsky, les femmes effectuent aujourd’hui près de trois fois plus de travail domestique non rémunéré que les hommes, même dans les foyers où la femme gagne mieux sa vie que son conjoint.
Des croyances persistantes renforcent ce déséquilibre. Par exemple, l’idée que « le temps professionnel des hommes est plus précieux » ou que « les femmes sont naturellement multitâches » continue d’alimenter la charge mentale féminine. Pourtant, aucune étude scientifique ne prouve que les femmes seraient plus aptes à gérer plusieurs tâches à la fois : il s’agit d’un mythe culturel, qui encourage les femmes à tout assumer au détriment de leur équilibre personnel.
La charge mentale joue également un rôle central : il ne s’agit pas seulement de faire les tâches, mais d’y penser, de les organiser, d’anticiper les besoins de la famille. Ce travail invisible est rarement reconnu et reste largement à la charge des femmes. Après la naissance d’un enfant, les hommes n’augmentent leur temps consacré aux tâches domestiques que de 40 minutes par jour, contre plus de deux heures pour les femmes, ce qui représente jusqu’à 2,6 semaines de travail supplémentaire par an pour ces dernières.
Enfin, l’absence de dialogue ou de remise en question des habitudes renforce le statu quo. Beaucoup de femmes finissent par penser qu’elles font mieux ou plus vite, et préfèrent tout gérer elles-mêmes, ce qui décourage l’implication de leur partenaire et perpétue l’inégalité.
Ce déséquilibre n’est donc pas une fatalité individuelle, mais le résultat d’un système, de messages sociaux et de mécanismes invisibles qui s’auto-entretiennent. La méthode Fair Play propose justement de rendre visible ce travail, d’ouvrir le dialogue et de repenser la répartition des tâches pour plus d’équité et de bien-être dans le foyer.