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Mon enfant de 8 mois ne veut pas s'endormir seul

Mon fils de 8 mois ne veut pas s'endormir seul, il ne s'endort QUE dans les bras. Une fois endormi, je le mets dans son lit mais il se réveille systématiquement dans le courant de la nuit et ne se rendort QUE s'il est avec nous dans notre lit. J'ai bien essayé les 5/10/15 en le laissant pleurer, en le laissant pleurer + longtemps ; j'ai essayé avec et sans veilleuse, avec et sans gigoteuse, avec et sans oreiller, chambre + fraîche, + chaude, sur le côté, sur le dos.....bref je ne sais plus quoi faire.....même les rituels, cela ne fonctionne pas.... Avez-vous une explication / solution / technique à me transmettre? Pour info, Bébé est en pleine forme. »

L'angoisse du 8ème mois :

 

Votre fils va très bien, je vous rassure. Il traverse un stade essentiel à son développement psychologique, bien que les manifestations en soient pénibles, et pour vous, et pour lui. Figurez-vous que nous avons forcément passé ce cap qui nous a permis ensuite de pouvoir devenir des adultes plutôt normaux. Entrons dans le vif du sujet : ce qui touche votre fils aujourd’hui est connu sous le nom de « l’angoisse du 8ème mois ».

L'« angoisse dite du huitième mois » correspond à la réaction de peur qu'exprime le nourrisson, à partir de cette période, face à une personne qui lui est étrangère ou peu familière. Ces manifestations sont extrêmement variables selon les enfants et peuvent aller de la simple méfiance à la crise magistrale.

Sans bien en comprendre la raison, l’enfant ressent un sentiment d'insécurité et de menace. Il craint qu'on ne veuille le séparer de sa mère, surtout si cette dernière s’absente et qu’elle le confie à un « inconnu ».

Il adoptera alors un comportement de fuite ou de protection : se cacher le visage dans le creux de l’épaule du parent qui le porte ; s’il marche déjà, il essayera de s'enfouir dans les jupons de sa mère ou de lui tirer la main avec impatience afin de détaler au plus vite. Aussitôt que les parents ont repéré la peur de l’enfant et qu’ils y réagissent, le petit se sent rassuré. Toutefois, dans un environnement nouveau - et particulièrement en plein air (square, jardin) - cette peur s’estompe. Dans ce type de lieux, on a même observé l’inverse : l’enfant va vers une personne inconnue et lui tend les bras.

Pour une fois, le terme d'angoisse ne doit pas faire penser à quelque chose de négatif ou de pathologique. Au contraire, ce clignotant (peur + cris) participe au développement harmonieux de sa personnalité. Cette appréhension de l'autre, est le signe que l'enfant sait différencier sa mère de ceux qui lui sont étrangers. En effet, auparavant, le bébé souriait indifféremment à tout visage qui se penchait sur lui. A présent, il sait reconnaître. En ce sens, on peut affirmer que l'« angoisse du huitième mois » est un passage nécessaire à l'enfant, qui lui permet d'organiser sa pensée sur un mode encore plus évolué qu’auparavant. Il lui reste à apprendre à se détacher progressivement de ses parents ... et de sa mère en particulier.

Dans le cas précis de votre enfant qui ne parvient pas à s’endormir seul, nous avons bien la preuve qu’il redoute ce qu’il vient de réaliser intelligemment : « Maman et moi sommes bien distincts. Que deviendrais-je sans elle ? Comment me rendre autonome ? Je me sens si seul et dépendant ! »

Cette angoisse qu’il ressent l’empêche de s’endormir et il souhaite, plus que tout au monde, revenir à cette phase qu’il vient de dépasser et qui lui donnait encore l’illusion d’être en fusion avec sa maman. Il se sentait fort, sans manque, en autosuffisance. Mais à présent, il se doit de reconnaître sa faiblesse, son impuissance : « Sans Maman, je ne suis rien. » A l’heure du sommeil, cette évidence est plus criante, c’est pourquoi il ne peut se séparer de sa mère (ou de son père).

  • Pour limiter cette angoisse, la présence d’un « doudou » l’aidera à supporter ses craintes.
  • Si l’on s’absente dans une pièce voisine en le laissant avec un « inconnu », on pourra lui parler de loin ou chantonner afin qu’il repère la présence de son père ou sa mère.
  • Plutôt que de nier ou banaliser ses appréhensions, une réelle attitude de protection est bien plus efficace : le garder dans les bras ou sur les genoux et écourter une conversation avec la personne qui lui fait peur.
  • Enfin, ne pas attendre qu'il ait 8 mois ou plus pour le confier à une nounou ou une baby-sitter car, à cette période, tout est plus délicat. En fait, dès 4 mois, les bébés s’accommodent parfaitement de l’absence des parents ; alors pourquoi ne pas en profiter pour se remettre à sortir en couple ?
  • Donc à l’heure du coucher, le doudou sera d’une grande utilité : il servira de lien, de transition entre l’état d’avec et sans Papa-Maman. Il permet de supporter le vide, l’insécurité ambiante, le noir de la chambre, les bruits inquiétants ou le silence qui indique qu’il est seul. Justement, le Doudou lui rappelle qu’il n’est pas seul. Il en aura besoin, tant qu’il n’a pas « intériorisé » ses parents, c'est-à-dire tant qu’il ne parvient pas à les penser et les garder en lui malgré leur absence physique.